Photos
Par Cunégonde le mardi 14 septembre 2010, 11:08 - Mes grandes réflexions - Lien permanent
Revoir des photos de famille
dont la plupart des gens sont morts
me pousse dans les replis de ma carapace.
Hors de question que des larmes pointent
le bout de leur nez. Orgueil, fierté ??
Les émotions se bousculent.
La mélancolie est là.
Revoir ma mère en photo
me bouleverse à tel point que
je suis incapable de décrire ce que j'éprouve.
Pourquoi ?
Réaliser des photos de la famille
est un exercice que je réalise peu.
Je sais que les personnes que je fige
sur ces clichés vont mourir à coup sûr.
Cette certitude m'est très difficile à vivre.
Je sais pourquoi.
la "photo-souvenir" n'est qu'une substitution à la mémoire.
Pourtant elle a ce pouvoir de montrer, de donner à voir
qui lui est si particulier qu'il en est trop important.
Les visuels qui nous permettent de revoir nos morts
à un moment donné de leur vie
sont de terribles restitutions de ces moments
si agréablement douloureux.
Commentaires
C'est sans doute pour cela que j'ai parfois du mal à photographier mes proches. En même temps, un visionnage de diapos prises il y a plus de 25 ans (et à des fins de numérisation) m'a à la fois attristé et réjoui.
Paradoxal mais intéressant comme un arc en ciel.
Ce texte me parle beaucoup.
C'est marrant, voir des photos de mon père me fait sourire , je me rappelle les bons moments... et puis on est tous mortel, un jours, hop on y passe, et entre nous, ce n'est pas bien grave si on y réfléchit bien, puisque justement, l'on aura plus à y penser ! (vous avez 4 heures, thèse synthèse antithèse...)
Moi j'aime bien les portrait de famille, j'adore redécouvrir de vieux cliché...
sans vouloir remuer le couteau dans je ne sais quelle plaie, ne t'ai-je pas dit il y quelques semaines que ce thème revenait souvent...
Oui et alors ? faut-il pour autant que je ne l'aborde plus ?
Ce n'est pas tant de ne plus l'aborder, c'est toi qui choisis les thèmes de ton blog. En revanche, puisque ce type de billet est plus introspectif, l'écrire est une façon thérapeutique de l'aborder (sinon, il ne serait pas écrit ainsi), donc c'est bien d'avoir de telles réactions personnelles, non ? La structure du blog le permet, aborder des sujets de l'intime, c'est bien pousser à ce type de réaction.
D'autant si c'est la ré-édition d'un vieux textes, c'est bien un sujet prégnant.
Une autre réaction dans le genre : mais pourquoi regardes-tu d'anciens clichés ? C'est un peu masochiste.
Je pense d'ailleurs que vivre l'émotion et pleurer permet de soulager et d'avancer dans la gestion du ressenti. Se retenir, c'est aussi entretenir le blocage émotionnel.
Pour ma part, j'ai plutôt tendance à être dans la réaction de Gilsoub, sans pour autant rire ou être joyeuse à voir d'anciennes photos, depuis longtemps, je n'ai plus de douleurs vives à les revoir. C'est la vie, parfois difficile, mais le plus souvent... rapide, la notre et celle de nos proches.
je ne t'ai pas dit d'abandonner un thème qui te tient, c'était juste pour te faire remarquer que parfois tu nies quand je fais une remarque alors je sais pertinemment que j'ai raison. tu as fais un progrès en mettant ton orgueil de côté pour reconnaître que je disais vrai ;-)
Imposture et Yo : Oui, vous avez raison, en plus vous aimez toutes les deux que je reconnaisse que vous avez raison.
Elle n'est plus vive cette douleur que je ressens.
tu te trompes, j'apprécie que l'on démontre que je n'ai pas raison, je reconnais alors facilement que je n'ai pas raison. c'est le parti pris et l'entêtement qui renforcent mon opiniâtreté à pousser l'autre à reconnaitre son tort ou son obstination.
La question n'est pas d'avoir raison, mais imposture a parfaitement résumé mon opinion.
L'intérêt n'est pas la reconnaissance de qui a raison, c'est l'échange. Personnellement, ce que j'apprécie dans une discussion où on m'oppose un avis différent du mien est de pouvoir apprendre, penser, débattre, argumenter, comprendre, évoluer, voir les choses sous un angle différent, bref m'enrichir intellectuellement. Sinon, c'est simplement un question de "supériorité" qui n'est pas bien intéressante...
En revanche, je constate que tu n'as pas répondu à la question...
Oui, j'aime qu'il y ait des réactions personnelles sur mon blog comme j'apprécie en faire de temps en temps.
Tout compte fait quand Imposture sera de nouveau sur notre plancher des vaches, je vous présente.
Je déplore juste que je n'ai pas pu, ni su vous renvoyer dans vos 22 aisément et j'en suis morfondue, car, là je m'attaque ardemment à la réinstallation de beaucoup de mes logiciels.
Je suis la seule survivante de ma famille, et j'ai besoin de ces photos pour continuer à survivre stable. Comme j'ai besoin des murs qui les ont connus.
A chacune ses besoins et ses réactions.
Je peux comprendre, comme toi, j'ai aussi les murs, partagés mais une partie est à moi . Mais plus je vieillis plus je pense qu'il s'agit de besoins que nous nous créons. Si nous ne les avions pas, nous pourrions vivre aussi, différemment mais vivre.
C'est bien pour ça que j'ai écrit "survivre stable". Sans tout cela, je survivrais, mais "instable".
Tu n'en sais rien.
Envahie d'émotions diverses à la lecture de ton message.
"Maman n'est plus..."
Bouleversée comme toi quand je regarde le peu d'images que j'ai d'elle.
On n'était pas "photos" chez moi.
Peut-être moins de douleur vive, mais une question récurrente :
Quelle femme serais-je devenue si elle avait vécu ?
Ceux qui nous abandonnent trop tôt au bord de la vie nous laissent incomplets, forcément. Une transmission ne s'est pas faite.
"Survivre stable" je comprends...
Marie
Si je ne le sais pas, tu ne sais pas non plus si je le sais ou non.
Ed>Personne ne peut le savoir. Je sais que ma vie ne serait pas la même si ma mère était encore vivante, c'est même une évidence. Serait-elle plus ou moins stable, ma vie ? Personne ne peut avoir cette réponse là non plus.
Marie> Je comprends ce que tu veux dire au sujet du manque de transmission. J'ai eu la chance de rencontrer d'autres personnes qui m'ont donné. Certes autre chose, mais le manque a été en partie comblé.