Les ptites banalités de Cunégonde

C’est la première fois que
je vote à Paris.
Je vais, dans mon bureau de vote,
une école.
Je ne prends que
des listes de gauche.
Je me trompe de rangée
pour signer.
L’assesseur qui manipulait
la poignée pour que l’on puisse
voter demandait à tout le monde
s’il souhaitait dépouiller
Il lui fallait 12 personnes.
Je me suis dit pourquoi pas.
Je n’ai pas eu cette proposition.
Je me demande si cela a avoir
avec mes listes de gauche,
dans un arrondissement qui vote à droite.

Comme je change de grade
et peut-être d’indice,
j’ai calculé mon départ
à la retraite.
Pour ne pas avoir de décote
trop importante,
il faut que je travaille
jusqu’à 66 ans et demi.
J’aurai pu être obligée
d’aller jusqu’à 67 ans.

J’ai appris que
Ken Laoch avait mis,
gratuitement, tous ses films
en accés libre sur youtube.

Quand je me dis que
l’année prochaine,
j’ai 60 ans.
J’ai cette forte sensation
que je n’ai pas vécu
certaines années.
Elles m’ont été rajoutées
malgré moi.

Dimanche, lors d’une croisière
sur le canal de Chelles,
j’ai appris que
les campings aussi connaissent
la gentrification.
Le camping de Neuilly sur Marne
a remplacé les places de campeurs
par des tiny houses.

Pinky, le philodendron pink princess
que j’ai planté dans l’aquarium
fait une feuille.
Il pousse.
Je pense, peut-être
à tord, qu’il va bien.

J’ai toujours cru que
le grutier montait l’échelle pour
se retrouvait tout en haut
de sa grue.
Hier, j’ai vu la cabine descendre,
une révélation.