Elle

Je monte dans le bus, pour rentrer chez moi.
Je m’assois à côté une forme noire avachie sur elle même.
Elle lève la tête. Il s'agit d'une femme
sans âge ni cheveux blancs.
Une odeur d'alcool et de saleté me dérange.
Mais je n'ose aller m'installer plus loin.
Elle semble bien avec des gens à côté d'elle.
Je trouve que ce serait irrespectueux.

À l'arrêt suivant, des jeunes montent,
un se pose sur le siège à sa droite.
J'ai peur que ceux-ci l'importunent.
Non, celui à sa droite demande aux jeunes filles montées avec eux
des mouchoirs en papier.Il les lui donne, elle se mouche.
Elle nous parle, on ne l'entend pas. Je devine qu'elle veut des pièces.

Ma voisine lui tend deux euros
qu'elle a du mal à ranger dans sa poche.
La pièce tombe, elle la récupère non sans mal par terre.
Un son m'interpelle, elle s'adresse à moi, maintenant.
Une vague de tristesse et d'impuissance me submerge,
je suis au bord des larmes.

Je lui donne deux euros et deux tickets de métro
(pour qu'elle puisse au moins faire deux voyages,
sans être importunée par les contrôleurs).
Le bus stoppe, c'est mon arrêt.
Le chemin à pieds jusqu'à chez moi
me permet de calmer mes émotions.

Commentaires

1. Le jeudi 29 septembre 2011, 07:15 par mirovinben

Il m'est plus facile de commenter un billet qui questionne qu'une rencontre (fort bien décrite) aussi dérangeante... A tout point de vue.

Sans doute mon égoïsme légendaire et une "légère" détestation des salles de cinéma et des transports en commun (promiscuité imposée).

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